Aurélie Bernard, cheffe d’Un Petit truc en plus à Mulhouse

Tout a-t-il déjà été dit sur les restaurants inclusifs ? Le modèle est-il unique ? C’est avec Aurélie Bernard, cheffe et fondatrice du restaurant Un petit truc en plus, que le Mag a voulu ouvrir le champ des possibles en matière d’inclusion. Une bouffée d’air frais à consommer sans modération.

Entretien téléphonique réalisé le 23 septembre 2021.

 

Et si on associait entreprise ordinaire et asso ?

Au restaurant Un petit truc en plus, implanté en plein cœur de Mulhouse, les bénévoles font partie du projet. Dès l’ouverture en 2019, deux bénévoles se relaient auprès de l’équipe. Véritables anges gardiens pour les cinq équipiers en situation de handicap, ils sont entièrement dédiés à leur autonomisation. Et ça marche ! Ce sont 25 bénévoles au total qui ont répondu présent à l’appel d’Aurélie Bernard. « Ici, le travail est fait en équipe, que ce soit en cuisine ou avec les bénévoles. », précise la cheffe.

Et si on ouvrait un restaurant inclusif ?

C’est par cette envie que la fondatrice a démarré le projet, quand une amie lui a envoyé une vidéo du premier restaurant inclusif de France, le restaurant Le Reflet à Nantes. « J’ai vu toute l’émotion qu’il y avait à travers l’écran. Je me suis dit que c’était vraiment ce que j’avais envie de faire ! Me sentir utile et bien avec eux. », se souvient cette ancienne responsable de restauration.

Elle travaillait alors depuis huit ans au centre de réadaptation de Mulhouse (CRM), elle a vu dans ce projet l’occasion d’allier restauration et formation, ses deux passions professionnelles. C’est ensuite, toute une équipe qui a planché sur le projet pendant deux années. Aujourd’hui encore, le CRM lui apporte son soutien via son fonds de dotation, mais également en communication et conseil mécénat.

Et si on effaçait le handicap ?

Lorsqu’on lui demande ce qui lui donne envie de se battre pour ce projet, elle répond sans hésitation : « Les parents nous ont fait confiance ! Ils ont sorti leurs enfants du secteur adapté pour le milieu ordinaire. On ne peut pas les décevoir. Notre but, ici, est d’effacer le handicap, d’être un restaurant ordinaire et adapté pour eux. »

Et si on retrouvait la légèreté ?

« Le covid handicape notre légèreté », c’est par ce constat lourd au quotidien qu’Aurélie Bernard décrit la situation actuelle. « Le covid a mis un sacré coup à la dynamique que nous avions au lancement ! A l’ouverture, il y avait une énorme impulsion. Le restaurant était complet tout le temps. Il fallait réserver trois semaines à l’avance. Nous n’avions connu aucun ralentissement pendant les six premiers mois. Aujourd’hui, on n’en est pas encore sortis : les états d’esprit, le masque, se laver les mains, encore plus, encore plus, encore plus… C’est très lourd pour le quotidien des équipes ! On s’attache à reconstruire l’impulsion positive des débuts. »

Et si d’autres restaurants inclusifs se lançaient ?

Pour la cheffe du restaurant mulhousien, les atouts pour un tel projet se résume en quelques mots : « Vivre les choses à fond et croire en son projet » Elle conseille également aux porteurs de projet de ne pas aller trop vite et de prendre le temps dans chacune des étapes : le financement, le local, le recrutement. Et de conclure « Quand ils seront ouverts, mon conseil est de profiter à fond de leur quotidien. Un restaurant comme celui-ci, c’est beaucoup de rigolade, de spontanéité, de simplicité. Que du bonheur pour une entreprise ! »

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