dimitri painçon

Mannequin et pourquoi pas ?

Quand on s’intéresse un peu à la trisomie 21, on connaît le talent de Dimitri Painçon pour le mannequinat. Il est une figure de la trisomie 21 dont la presse aime parler : documentaire, émission de télévision, articles… on ne pouvait pas ouvrir une rubrique comme celle des talents extraordinaires sans lui. Aux côtés de son père, Pascal Painçon, ils nous confient leur histoire et leurs espoirs. Rencontre.

C’est après une journée de travail avec son ESAT (établissement et services d’aide par le travail), que nous retrouvons le jeune homme de 26 ans et son père. L’échange se fait par téléphone, distance oblige, le famille Painçon a choisi de s’installer en Ardèche, il y a trois ans pour ouvrir le village de gîtes La clé des champs. C’est Pascal qui entame la conversation, mais Dimitri n’est pas loin, il approuve les propos de son père.

« et là, j’ai dit, je veux être mannequin »

L’histoire commence, il y a cinq ans, quand Pascal Painçon découvre Madeline Stuart, vous savez cette jeune fille australienne de 23 ans qui a fait sensation lors de la Fashion Week de New York. Curieux de son parcours, Pascal en parle à son fils « et là, j’ai dit, je veux être mannequin », raconte Dimitri. « Voilà, c’est toi qui me l’as dit », lui répond son père. « Il a mis un mot sur ce qu’il avait foncièrement envie de faire. »

Pour Pascal, cette idée n’est pas irréalisable. « ça a fait tilt dans ma tête », dit-il. « Mannequin, je ne voyais pas de problème pour lui. » En effet, avec ses deux sœurs, fans de mode, son goût pour les fringues, son souci du détail vestimentaire et sa « belle gueule », dixit son père, ils se sont dit « pourquoi pas ! »

 

Oui, il est photogénique, Dimitri

Ensuite, tout s’est enchaîné grâce à l’énergie de Pascal, au talent de Dimitri et au soutien de leurs amis, Lucie et Thibaut. Les Apprêteurs, une petite agence de communication tenue par des amis de la sœur de Dimitri ont joué le jeu. Quelques photos à Fontainebleau plus tard, pas de doute. Non seulement Dimitri est photogénique mais en plus, il se révèle très patient et très à l’aise face à l’objectif. Pour Pascal et ses amis, « Quand il fait de la photo, Dimitri est dans son élément ».

un compte instagram, une page facebook, et un site internet

Ensemble, ils lancent la petite carrière de Dimitri mannequin : un book, sa présence sur les réseaux sociaux, un site internet et une petite fête avec les amis pour marquer le coup. Et ça a pris assez rapidement. Aujourd’hui, Dimitri compte plus de 8000 fans sur sa page facebook et presque 3000 sur instagram. Repéré par le Huffington Post, son histoire fait le tour des medias, mais Dimitri garde la tête froide. Si l’emballement médiatique est suivi de shootings photo et de défilés caritatifs, « Dimitri a toujours continué son travail à l’ESAT », souligne son père.

« c’est un plaisir, dès qu’on peut faire un défilé, dès qu’on peut faire un shooting, on y va ! »

Appelé pour rejoindre des défilés organisés par des associations ou l’événement Handifashion, ces prestations ne sont pas rémunérées mais elles apportent à Dimitri et à son père une très grande satisfaction et les confortent dans la voie du mannequinat. Alors, Pascal se rapproche d’agences de modèles comme Wanted, spécialisée en profils atypiques ou Smith & Smith. Cette dernière décroche pour Dimitri, son premier cachet, pour le site internet du Ministère de la Santé aux côtés d’Eléonore Laloux, jeune femme avec trisomie 21, conseillère municipale d’Arras.

« on a même envoyé un book à jean-paul gautier! »

Convaincu que Dimitri a toutes ses chances, Pascal démarche lui-même les marques. « On a même envoyé un book à Jean-Paul Gautier, on n’a pas eu de retour. Il faut être tenace. » Ses efforts sont un peu récompensés, grâce à des partenariats, comme celui signé avec Pipolaki, un fabricant de bonnets français, qui donne l’occasion à Dimitri de faire des shootings pro et de se faire remarquer. Mais la route est encore longue. « Il adorerait aller plus loin dans le mannequinat. Il aimerait voyager. Lui, il se voit mannequin. Il serait l’égérie d’une marque, il serait au mieux je pense. En plus c’est son truc, il est à l’aise avec tout ça. »

 

« si on arrive à en faire un métier, tant mieux »

Alors, Pascal compte bien reprendre son bâton de pèlerin pour convaincre les marques de lui faire confiance et d’oser travailler avec un mannequin porteur de trisomie 21. « Si on arrive à en faire un métier tant mieux, sinon, on prend déjà les bonnes choses et on s’amuse. Si ça peut montrer le chemin pour d’autres, c’est parfait ! »

théâtre, danse, barman… 

La vie de Dimitri ne s’arrête pas au mannequinat. Très à l’aise dans son corps et avec les autres, il pratique le théâtre avec son père, la danse avec une asso et aide ses parents au village de gîtes. « Il aime bien nous donner un coup de main au restaurant alors il fait du service, il est derrière le bar, il sert des bières. Il fait la plonge. Il est partie prenante de la vie du village et y côtoie pas mal de monde. »

« le fil rouge, c’est qu’il soit heureux »

Régulièrement contacté par des parents qui voudraient le même parcours pour leur enfant, Pascal aime à rappeler que l’envie du mannequinat vient de Dimitri et que « le mannequinat, c’est son souhait. On va essayer jusqu’au bout, mais le fil rouge, c’est que, lui, soit heureux. Je serai son garde-fou pour dire stop, s’il le faut. »