cléo renou

Championne de natation

Quand on la voit nager, glisser dans l’eau, avec détermination, par des mouvements sûrs et efficaces… Quand on revoit cette vidéo des championnats du monde en Australie, où elle traverse le bassin, telle une fusée, pour décrocher la médaille d’or sous le nez de sa rivale espagnole… on n’imagine pas que Cléo a un handicap. D’ailleurs, sa trisomie 21 n’est pas une barrière à ses rêves.

Entretien réalisé auprès de Alexandra et Cléo Renou le 18 novembre 2020 à la piscine de Redon Agglomération.

Reportage photos : Emmanuelle Janiere.

Si on n’avait pas eu ce premier maître-nageur qui a dit « oui », on n’en serait pas là aujourd’hui ! Cléo a appris à nager à 9 ans pour faire comme sa grande sœur Zoé. Elle a commencé par 10 cours individuels avec le même maître-nageur qu’elle. Comme elle voulait poursuivre, l’entraîneur a accueilli Cléo dans son cours collectif. Et tout naturellement, elle a progressé dans les cours proposés par l’agglomération de Redon. Arrivée au bout de ce qu’ils pouvaient lui apporter dans ces cours, ils lui ont proposé d’intégrer le Club du Cercle des nageurs du Pays de Redon.

Sa nage préférée ? Le crawl. Sa nage de championne ? Le papillon ! Cléo s’entraîne entre 1H30 et 2H tous les soirs, sauf le dimanche, avec le groupe des Elite du Club, des nageurs sans handicap. En plus de la natation, Cléo fait trois heures de musculation par semaine : gainage, abdos, bras, dos, épaules. Le mercredi, c’est l’entraînement sport adapté, cela lui permet d’y développer des amitiés.

En 2014, Cléo a été repérée lors des lors des championnats de France sport adapté où elle y a gagné sa première médaille. Intégrée au Pôle France avec 7 autres jeunes porteurs de trisomie 21, l’équipe a été mise en place en quelques mois. Dès le mois de novembre, l’équipe féminine est devenue vice-championne du Monde au Mexique. Depuis ça ne s’arrête plus…

 

Devenue très compétitrice, Cléo semble ne plus vouloir s’arrêter de nager. Indéniablement, la motivation vient vraiment d’elle. Ses parents l’accompagnent et la soutiennent sans aucune pression, au contraire. Sa maman raconte qu’une fois, ils lui ont dit de faire une pause et de ne pas aller à l’entraînement, pour se reposer. Elle en a pleuré, ils ont dû céder. L’ empêcher de nager serait une punition.

 

En plus des compétitions avec le Pôle France, Cléo participe aux compétitions internationales : Depuis 6 ans avec les DSISO (Down Syndrome International Swimming Organisation), une compétition qui concerne uniquement les personnes porteuses de trisomie 21 et depuis 3 ans avec Virtus (confédération internationale francophone sport adapté culture) qui organise les compétitions mondiales de sport adapté. Cléo y nage en compétition internationale pour les championnats d’Europe et du Monde.

 

Alexandra nous avoue que ces événements sont très riches en émotions, à l’image de cette finale du 100m papillon à Brisbane, il y a un an, qui s’était jouée à un ongle… un centième… Pour Cléo, cela restera son meilleur souvenir. Il faut dire qu’elle a ramené huit médailles de cette compétition en Australie. Elles sont toutes accrochées au mur de sa chambre ! On la sent très impatiente de reprendre la compétition. En 2020, elles ont toutes été annulées à cause du covid. Continuer à s’entraîner sans compétition, c’est plus difficile… La prochaine devrait être en octobre 2021 en Italie. On croise les doigts pour elle !

 

Afin que Cléo ne parte jamais seule en compétition, ses parents ont créé une association : Le chromosome du bonheur, pour financer l’accompagnement. Toute la famille est souvent du voyage : Australie, Canada, Italie… Cléo part une dizaine de jours avant et sa famille la rejoint, la plupart du temps, la semaine de la compétition. Ses sœurs sont ses meilleurs fans. Zoé, l’aînée tient sa page instagram et la plus jeune la soutient de façon inconditionnelle.

 

Mais Cléo ne fait pas que nager ! Actuellement, elle entraîne le groupe Dauphin, pour l’apprentissage de la nage en Club des jeunes de 7 ans. Formation bénévole financée par le club, elle en très fière, surtout quand elle a réalisé qu’elle entraînait les enfants de son ancien prof de sport… Et depuis cette année, le samedi matin, elle encadre également le sport adapté. C’est elle qui s’est portée volontaire. Elle avait très peur au départ, mais à présent, elle adore !

 

Côté professionnel, Cléo a fini son CAP Employé de commerce au mois de juin sur un dispositif un peu particulier. Elle était en lycée privé avec un accompagnement de l’Ulis du lycée public, où elle suivait les cours deux après-midis par semaine. Une orientation proposée par l’enseignant référent de Cléo. Comme quoi tout est possible, nous dit Alexandra. Sa fille a fait les trois années de formation, seulement excusée sur trois matières : anglais, économie-droit et physique-chimie. Elle a obtenu 9,63/20, une moyenne très honorable pour l’objectif qu’elle s’était fixé de valider les compétences sans viser le diplôme. A l’issue de cette expérience, le lycée est même devenu référent sur le département pour les personnes porteuses de handicap. Ce fut une expérience riche pour tous. Une professeure reconnaissante a ainsi témoigné avoir changé ses méthodes pour tous ses élèves, grâce au travail avec Cléo.

 

A présent, l’athlète cherche un emploi en complément de sa pratique sportive. Elle a déjà fait plusieurs stages, notamment chez Décathlon et elle a bon espoir d’y être embauchée au rayon natation. En attendant, dès le déconfinement, elle reprendra les stages. A tout juste 19 ans, elle vit chez ses parents mais la famille aménage un chalet, ancien bureau du papa, pour qu’elle puisse s’y installer, quand elle sera prête. En attendant, le projet, c’est la voiture sans permis, comme sa copine Juliette. Elle a fait un test en auto-école avec succès pour pouvoir venir à la piscine de façon autonome.