Guylaine Charron, c’est une Québécoise installée en Savoie depuis 24 ans, qui s’étonne de la relation des Français au handicap. Guylaine Charron, c’est une néo-entrepreneuse avec des valeurs humanistes chevillées au corps, qui se bat pour le projet social d’inclusion Cithé Happy. Guylaine Charron, Le Mag l’a interviewée et sa force de conviction nous donne envie d’espérer.

Interview téléphonique réalisée par le 30 novembre 2021.

**Interview**

D’où vient l’idée  ?

C’est le constat du malaise qui règne dans le monde du travail, qui a poussé Guylaine Charron à changer de métier. « Dans les entreprises, le handicap est vécu comme une obligation ! » , dit-elle. Si elle ne souhaite pas détailler son passé professionnel, on sent qu’elle en a gros sur le cœur. Peut-être que ses origines québécoises y sont pour quelque chose… Elle raconte : « Lorsque je suis retournée à Québec, récemment, me faire servir du pop-corn au cinéma par une personne porteuse de trisomie 21, sans que cela ne soit souligné comme un événement à part, m’a rappelé à quel point, là-bas, le handicap est intégré. »

Le déclencheur

Comme souvent, dans les grandes décisions de vie, c’est la conjonction d’histoires, de lectures et de rencontres, qui ont décidé la porteuse de projet de Chambéry à s’engager. D’abord, un ras-le-bol professionnel, le mal du siècle, qui se traduit par cette recherche de sens au travail. Ensuite, quelques lectures inspirantes, Guy Gilbert, Jean Vanier, qui décrivent les personnes handicapées comme exclues de la société et de leurs rêves. Enfin, un reportage sur France 3 sur les Cafés Joyeux – on ne soulignera jamais assez l’importance du relais médiatique pour de tels projets – et pour Guylaine, c’est la révélation : « C’est exactement ce que je veux faire ! ».

Le virage

Si elle savait ce qu’elle voulait, le chemin restait à emprunter, un an de CAP cuisine, loin d’être une formalité lorsque vous n’êtes pas née avec une toque sur la tête ! Mais pour la Chambérienne d’adoption, cette étape était indispensable pour comprendre et entreprendre dans le domaine de la restauration. A suivi, une formation courte en entrepreneuriat, délivrée par la chambre de commerce, bientôt complétée d’une formation en gestion. Elle cite cette expression italienne, qui lui donne du courage et trône dans sa cuisine “La felicità non è un stazione di arrivo ma un modo di viaggiare.” , qui veut dire : « Le bonheur n’est pas une destination à atteindre, mais une façon de voyager. » Elle avoue être elle-même porteuse de handicap sans souhaiter pour autant porter son invalidité en étendard.

Le projet

Cithé Happy, elle l’a déjà dans la tête. Ce qu’elle imagine, c’est un salon de thé avec des préparations issues de productions locales, de l’emploi pour des jeunes porteurs de handicap, une économie vertueuse, locale, inclusive.

Les obstacles

Pour autant, la route est longue. Lors de cette interview, Guylaine venait de se retrouver face au refus, tout récent, de la Mairie de Chambéry de lui louer un local. Pourtant, la Cité des Arts, aurait été le lieu idéal pour son projet. D’ailleurs, il lui avait été promis à plusieurs reprises. Mais la décision est tombée, le 15 novembre, ce sera « non ».

La suite

Alors, il faut rebondir, revoir le projet, rechercher un nouveau local. Si Guylaine a accusé le coup, elle ne s’est pas laissée impressionner… Encouragée par ses soutiens locaux, par les Brigades extraordinaires, le réseau des restaurants inclusifs qui allient gastronomie et handicap, elle a revu son projet. Au début, ce sera de la vente à emporter, avec trois à quatre salariés porteurs de handicap. La cheffe est trouvée, Cap Emploi et GEM L’Oasis prêts à accompagner les recrutements, une campagne de financement participatif est lancée et les Chambériens la suivent… Nous avons donc bon espoir de déguster prochainement un thé Happy à Chambéry.

Vous souhaitez donner un coup de pouce à Guylaine pour son projet ? Rendez-vous ici.

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