65 degrés

Vous avez dit perfection ?

Adélaïde Aymer est co-fondatrice du restaurant 65 degrés. Après 15 ans dans la banque, elle est attirée par l’aventure entrepreneuriale. Sa sensibilité sociale éprouvée depuis 20 ans en tant que bénévole dans des associations pour le handicap, la pousse vers l’entrepreneuriat social. La rencontre avec ses associés, passionnés de cuisine, fera le reste.

l’idée

« On voulait prouver que dans un milieu aussi exigeant que la restauration gastronomique, une personne handicapée peut le faire et le pari est gagné! »

Un nom axé sur la gastronomie, pas sur le handicap !

65 degrés, c’est la température de cuisson de l’oeuf parfait.

l’histoire

Nous sommes quatre fondateurs français et nos associés sont belges. Le Reflet venait de se monter à Nantes. Je crois que la première personne que j’ai appelée, c’était Flore Lelièvre. On est parti d’un constat simple, il y a, en Belgique, une personne sur 1000 qui est trisomique 21 et, sans parler des autres handicaps, comme l’autisme, on ne les voit pas dans le milieu ordinaire, quand on va faire nos courses, quand on va à La Poste, etc. Notre point de départ est de dire, qu’une personne porteuse de handicap, est capable de travailler, peut même apporter une certaine valeur ajoutée, et, dans le milieu ordinaire, c’est possible.

fiche d’identité

Date de création : Septembre 2018

Adresse : Centre de Bruxelles, au cent septante trois de l’avenue Louise, dans le quartier des affaires.

14 salariés porteurs de handicap et 4 salariés valides
Turn over faible pour la profession : 2 personnes sur 18 en deux ans
9 services par semaine : 5 midis par semaine et 4 soirs par semaine

40 couverts

un restaurant gastronomique pour mettre la barre haut

La restauration permet aux clients d’être directement en contact avec les employés porteurs de handicap.

Des clients aux attentes élevées

La façon de se tenir est importante, la façon de parler est importante, la façon de servir à table est importante.

Prendre le temps de discuter

Les personnes restent souvent plus d’une heure à table. Ils prennent le temps de discuter avec les employés…

Un milieu valorisant

En réponse aux annonces de recrutement, 65 degrés a reçu beaucoup de réponses de personnes valides. Parce que le service en salle dans un restaurant gastro, est un poste très demandé.

Une clientèle de décideurs

Qui dit restaurant gastronomique, dit une clientèle de décideurs, de recruteurs, d’entrepreneurs, susceptibles d’être eux-mêmes employeurs pour des personnes en situation de handicap. C’est de l’incitation à embaucher.

Une formation assurée par 65 degrés

Les employés recrutés n’avaient pas de formation professionnelle. 65 degrés leur a apporté une formation adaptée essentiellement axée sur le comportement : savoir se tenir, savoir vivre, élocution.

la bonne idée: une ouverture en douceur

« 15 jours avant l’ouverture officielle, 65 degrés a choisi d’ouvrir ses portes à une clientèle réduite : quatre clients, puis huit, puis dix. La boisson était offerte mais le repas dû. Mis en situation de vrais clients, ses clients « béta testeurs, ont pu ensuite évaluer leur expérience. Un flash code derrière le menu permettait de répondre à un questionnaire : si c’était bon, si c’était assez rapide, si les plats étaient chauds, si les couverts étaient bien mis, si les verres étaient lustrés. »

le choix de ne pas adapter le mode de fonctionnement

Contrairement à d’autres restaurants extraordinaires, chez 65 degrés, rien n’est fait différemment d’un restaurant classique.

la team 65 degrés

Le fait de travailler avec des gens avec un handicap oblige à recruter des profils naturellement calmes. Ici, pas de place pour le stress !

Des employés hyper motivés

Dès le recrutement, les fondateurs ont réalisé qu’ils n’avaient pas de craintes à avoir. Les dix personnes reçues sont toutes arrivées en tenue de circonstance, très motivées.

 » Ils avaient relu trois fois l’annonce pour savoir ce qu’il fallait qu’ils disent. On s’attendait peut- être à un résultat moins pro ! »

Huit salariés avec un handicap ont été embauché ce jour-là !

Les postes sont ouverts à tous les handicaps mentaux

La priorité : embaucher des personnes désireuses de travailler en milieu ordinaire, capables de travailler et qui n’auraient pas d’opportunité professionnelle ailleurs.

Cohésion d’équipe

Comme dans tout restaurant, la cohésion entre la salle et la cuisine est fondamentale. Tous les 15 jours, des réunions d’équipe permettent de fluidifier les relations et deux fois par an l’équipe est réunie au grand complet pour se retrouver hors contexte boulot !

pari gagné !

N°1 sur Tripadvisor à Bruxelles

Reconnaissance et fidélité des clients

Résultats économiques : Une deuxième année à l’équilibre

Accueil et reconnaissance des restaurants gastronomiques de Bruxelles : échanges, rencontres, soutiens.

vivre et grandir, le service d’accompagnement des salariés

C’est l’association Vivre et Grandir qui accompagnent à l’autonomie les salariés qui le souhaitent.

Déplacements / Apprendre à utiliser son téléphone, à se déplacer grâce à une application mobile, à prendre les transports en commun, à développer son langage.

Au début, la mère de Steven l’accompagnait chaque jour au travail. A présent, il vient tout seul en tramway avec un changement.

Intégration / Accueillir les nouveaux arrivants, accompagner les nouveaux employés, suivre leur intégration dans l’équipe, dans l’emploi en milieu ordinaire.

Rapport aux autres / Apporter un regard extérieur aux rapports relationnels entre les salariés.

retour d’expérience

Ce qui vous fait avancer chez 65 degrés ?

Les voir progresser et voir la fierté de travailler. Par exemple, Maxime, qui est trisomique et issu d’une famille de quatre enfants. Il était le seul sans emploi. Depuis qu’il travaille au restaurant, il est comme ses frères et sœurs, il a un travail ! Je ne sais pas si tu peux avoir une satisfaction comme ça dans une autre entreprise.

Qu’est ce qui est plus facile que vous ne pensiez ?

Travailler avec les jeunes, définitivement ! Je m’attendais à ce qu’ils soient plus fatigables, qu’il y ai plus de problèmes entre eux. Plus de caprices, de petites choses comme ça, et pas du tout !

Qu’est ce qui est plus dur qu’imaginé ?

Les relations humaines demandent beaucoup de temps et de discussions. Que tout le monde soit heureux dans un projet bénévole, pour les associés. Et pour les salariés, qu’ils soient bien et qu’ils restent le plus longtemps possible.

et après ?

Pas de deuxième restaurant en vue pour 65 degrés mais une idée : accompagner l’emploi dans d’autres restaurants.
Sur la proposition de Lionel Rigolet, chef du restaurant gastronomique « Comme chez soi » à Bruxelles, 65 degrés envisage de proposer à ses employés, après deux ou trois années de formation chez 65 degrés, d’intégrer un autre restaurant.

just do it !

Que vous soyez restaurateur ou tout type d’entreprise, vous pouvez accueillir des personnes porteuses de handicap. Qui plus est pour une entreprise qui fonctionne déjà.

« Accueillir au sein de son entreprise une personne en situation de handicap, ça apporte énormément à l’équipe, énormément… Nous ne sommes pas des super héros et nous l’avons fait. Alors, allez-y ! Il faut juste le faire, il faut juste embaucher ! »